Un pays, quelque part dans le monde. L’euphémisme journalistique parlerait probablement de « guerre civile », mais il s’agit plus d’une plaie béante et purulente de violence, un chaos fait de massacres incessants, de vols, de viols, et de tortures. Dans ce tableau cauchemardesque, Tamara cherche son fils, enlevé par des salopards spécialisés dans le trafic d’organes. Personne pour l’aider, à part un homme – « le Loup des Steppes » -, ex-détenu repenti qui a définitivement quitté les rives du Bien et du Mal. Il ne le fait pas par bonté d’âme, ni par bonté de cœur. Il n’aide pas Tamara, il l’utilise. Il ne cherche aucune rédemption, ne connaît plus la notion de justice. Le Loup des Steppes n’est qu’un monstre sans pitié qui tue sans aucun état d’âme. Pourtant, il est ce qui se rapproche le plus de cette notion perdue d’humanité qui maintient Tamara en vie…
Si vous ne connaissez pas encore Adilkhan Yerzhanov, vous allez vous jeter sur ses œuvres après avoir vu STEPPENWOLF ! Déjà coutumier d’une certaine noirceur avec ASSAULT, le prodige kazakh livre ici une relecture croisée et très personnelle de LA PRISONNIERE DU DESERT et de l’œuvre éponyme de Hermann Hess. Le résultat est bluffant : en contrepoint de la beauté formelle, il nous balance un déluge de nihilisme total sous forme de vignettes iconoclastes et incroyablement violentes, où même la veuve et l’orphelin n’en réchappent pas…