La lumière rouge du club “Le Cargo” perce à travers une nuit d’automne froide et bruineuse. Armand, le videur, escorte un groupe de filles jusqu’à leur voiture, en tenant un parapluie au-dessus de leur tête, comme un vrai gentleman. Les filles ne posent jamais les yeux sur lui, mais les siens dérivent constamment vers leurs minijupes. Après leur départ, il se tire la nouille sur le parking. Oui, Armand n’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, mais sa chance est sur le point de tourner. Son demi-frère Guillaume hérite du bowling de leur père – qui a toujours considéré Armand comme la conséquence d’une capote trouée -, et il veut qu’Armand le dirige. Il est libre d’en faire ce qu’il veut, à une condition: que les vieux copains du club de chasse de son père puissent continuer à y organiser leur traditionnel dîner annuel. C’est tout. Rien de plus. Comme ça, Guillaume peut se concentrer sur son boulot de flic, et ce foutu tueur en série qui laisse derrière lui une traînée de femmes mutilées…
Croyez-nous, vous n’êtes pas préparés à la noirceur déchirante et implacable qui va vous vous aspirer. Si les maniaques amateurs de puzzles humains ne sont pas une nouveauté au BIFFF, rares sont les scènes qui nous ont retourné l’estomac à ce point. Laissez Patricia Mazuy, toujours hors des sentiers battus, subvertir les lieux communs du néo-noir: au lieu d’effleurer la surface comme tant d’autres cinéastes, elle plonge directement au cœur des ténèbres, pour déraciner l’origine du mal, tel un trophée de chasse.