“Une clef qui ouvre plusieurs serrures est une bonne clef, mais une serrure qui cède à plusieurs clefs est une mauvaise serrure”. Voilà un proverbe, d’une beaufitude exceptionnelle, qui correspond parfaitement aux ploucs paumés d’un bled paumé qui se retrouvent souvent dans un Diner paumé où bosse Nancy, une jeune fille tout aussi paumée, dotée néanmoins d’un redoutable caractère de tigresse. Pourtant, c’est bien cette aptitude innée à faire chier son prochain qui risque de causer sa perte : une nuit, alors qu’elle est seule derrière le comptoir de son Diner miteux, une bande d’inconnus masqués débarque sur le parking, avec la ferme intention de se venger, de lui faire ravaler sa fierté, de lui foutre la trouille et plus si affinités… Sauf que la susdite tigresse n’est pas du genre à rentrer ses griffes, et que son instinct de survie est désormais à son paroxysme depuis que l’une des clefs qui maraude dehors l’a mise en cloque. Autant dire que l’attendrisseur à viande sera multitâche ce soir…
Derrière sa référence biblique, que l’on pourrait traduire par cette fameuse « dernière goutte » qui fait déborder le vase, LAST STRAW touche autant à la tragédie shakespearienne qu’aux classiques de Carpenter. Et en plus de sa bonne gueule de slasher aussi bien troussé que tassé, se cache une structure finaude à plusieurs couches qui en dit long sur ce nihilisme contagieux propre à notre époque paumée. En d’autres termes, « doit-on se saigner au travail ? » n’est plus une question métaphorique pour s’en sortir.